Le Paradis entre les jambes — Nicole Caligaris


Livre de Nicole Caligaris paru chez Verticales en 2013, Le Paradis entre les jambes traite d’Issei Sagawa, Japonais ayant tué et en partie mangé une étudiante néerlandaise à Paris en juin 1981. (Vice lui consacre un reportage sensationnaliste.)

Je rêve encore qu’un jour Pascal Quignard écrive sur Jack l’Éventreur, ou sur Jeffrey Dahmer, ou sur un quelconque tueur en série cher à la culture populaire. D’ordinaire le sujet est traité par des auteurs de genre (Alan Moore), de polar (Patricia Cornwell) ou des criminologues avec plus ou moins de plume (Stéphane Bourgoin). La sensibilité littéraire, étymologique, historique, philosophique, psychanalytique d’un Quignard apporterait beaucoup. Nicole Caligaris, en revenant sur le meurtre cannibale d’Issei Sagawa, a peut-être écrit ce que fantasme mon esprit depuis plusieurs années. Un Jack l’Éventreur à la Quignard. L’approche de Caligaris est hautement littéraire, l’auteure invoque Sade, Proust, Breton, Tanizaki, De Quincey, aussi bien que Rodin, Francis Bacon ou Lucian Freud, elle traite le sujet non sous l’angle criminologique ou journalistique, mais sous l’angle autobiographique. Caligaris a personnellement vécu l’affaire, elle a connu Sagawa et sa victime Renée Hartevelt, elle a échangé des lettres avec le cannibale. Le premier chapitre du Paradis entre les jambes, “Le monde de la fille”, purement autobiographique, revient sur l’enfance et le développement de l’auteure, qui refusera toujours d’être une petite fille modèle, qui refusera toujours d’avoir un paradis entre les jambes. Ensuite seulement le livre s’intéresse au “Japonais cannibale”, puis alterne entre réflexions sur la place de la femme et sur le meurtre en lui-même. Caligaris écrit “Je ne cherche pas à comprendre l’acte commis par Issei Sagawa, c’est ma répulsion que je regarde.” Le Paradis entre les jambes est une œuvre que je n’oublierai pas. [Tous les articles littéraires.]

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